Bienvenue à Thiercelieux.
- After-work
Nous sommes en l’an 1802, dans ce pittoresque village de Thiercelieux, situé dans le Duché de Bourgogne. La vie à Thiercelieux est certes modeste et sans prétention, mais douce et agréable. La petite rivière traversant le village scintille lors des belles journées d’été, et le chant des oiseaux donne le sourire aux habitants.
Ces habitants qui, depuis des décennies, chérissent une cohésion à toutes épreuves où chacun, chacune met son labeur au service de l’intérêt commun.
Parmi ces habitants, il y a Erwann, le très respecté druide qui inspire la confiance de tous et dont les potions produisent un effet placebo miraculeux. La légende raconte que sa compagne Charlotte maîtrise les secrets de l’herboristerie alchimique, même si la vérité se rapproche plus de la fumisterie alchimique.
Il y a Martin, un rêveur écorché vif qui exprime ses peines de cœur dans des alexandrins écrits sous le saule-pleureur au bord de la rivière. Martin apporte cette petite touche de romantisme et de légèreté, même si cela s’avère peu utile pour la survie du village.
A contrario, il y a Aurélie qui nourrit de nombreuses bouches grâce à sa main verte et son potager qui pousse jusqu’au ciel depuis qu’elle est passée à une agriculture bio et respectueuse de la nature.
Et il y a Sylvain, inventeur de génie qui n’a de cesse de pousser le village vers le progrès technique. Sa passion dévouée est très appréciée, même si certains de ces croquis semblent venir d’un autre temps. Il rêve et parle régulièrement de « iPhone », et de « Macplouc ». Les villageois ne comprennent pas, mais acquiescent, par politesse.
Et comment oublier Franck, le troubadour du village, dresseur de chevaux, et coureur de jupons. Qui d’ailleurs se laisse appeler Francky par les intimes.
Il y a Julia, venue de contrées lointaines, au-delà des océans, qui fut mariée à un riche commerçant marin qui exportait des sabots Havaianas. Son mari malheureusement péri en mer lors d’une expédition, laissant Julia seule dans une contrée qu’elle connait à peine. A n’en déplaire à Thiercelieux , elle apporte cette touche d’exotisme au village… J’ai bien dis exotisme, Francky !
Il y a Laura, originaire du royaume d’Angleterre, qui a migré dans le duché de Bourgogne, après le Brexit imposé par le Roi. Mais elle ne regrette guère car, je cite « la bouffe là-bas était dégueulasse… »
La liste des merveilleuses âmes qui peuplent Thiercelieux est longue, et une chose est sûre, c’est que rien n’a le pouvoir de briser le doux équilibre qui bénit le village…
Rien, hormis une terrible malédiction. Celle dont on ne parle pas.
Une malédiction qui frappe le village à chaque éclipse lunaire. Et dont le sort s’abat sur une poignée de villageois, qui chaque nuit se transforme en loup-garou. Des loups-garous assoiffés de sang et de violence.
Et si tout le village n’ose pas regarder les prédictions calendaires des anciens, c’est parce qu’ils savent tous, dans un lourd silence, que la terrible malédiction va frapper le village très bientôt : la nuit prochaine, en fait. Et ils savent que le sang va couler jusqu’a ce que les habitants aient terminé la lourde tâche de trouver et tuer chaque villageois frappé par le sort. Ces mêmes villageois, qui eux tentent malgré de tout, de garder leur fardeau, leur secret…
Bref, les coworkers ont joué au loup-garou.
Texte: Arno Le Liegard.
Visuel: Lelia Withnell